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Le Panthéon de Rome est un édifice religieux de la Rome antique, à l’origine le Temple de toutes les divinités de la Religion antique, transformé en église chrétienne au VIIe siècle. C’est le plus grand monument du monde antique gréco-romain qui nous soit parvenu pratiquement intact, du fait de son utilisation ininterrompue depuis l'Antiquité.
Son nom vient du grec πάνθειον (Pántheion), adjectif qui signifie « de tous les dieux », transformé en Pantheon par les auteurs latins.
Le Panthéon supporte la plus grande Coupole de toute l’Antiquité, qui fut aussi la plus grande d’Europe occidentale jusqu’en 1436, date d’achèvement de celle de la cathédrale de Florence, par Filippo Brunelleschi.
Construction
La construction du Panthéon fut menée en deux temps.
Le Panthéon d’Agrippa
Le Panthéon original fut construit en
-27, au début du règne d’
Octave Auguste, par Marcus Vipsanius Agrippa, compagnon d’Auguste, qui participait ainsi à la politique d’embellissement de la Ville, encouragée par Auguste. Il édifia le Panthéon et les
thermes d’Agrippa en marge de la partie urbanisée de Rome, près du
Champ de Mars, région propice aux grands aménagements urbains.
La date de cette construction correspond au troisième mandat de Consul d’Agrippa, dont le nom est gravé sur le portique d’entrée. Sur cette inscription, on peut lire : M.AGRIPPA.L.F.COS.TERTIVM.FECIT ce qui signifie « Marcus Agrippa, fils de Lucius, consul pour la troisième fois, le fit construire ». Ce troisième consulat date de -27. Toutefois, une date légèrement différente est parfois citée, -25, à laquelle Dion Cassius dresse la liste des ouvrages achevés par Agrippa sur le Champ de Mars.
D’après des fouilles menées à la fin du XIXe siècle, le premier temple était rectangulaire, avec un Pronaos (partie antérieure du temple) ouvert vers le sud, et une cella (partie intérieure et fermée du temple) transversale plus large (environ 40 mètres) que longue. Il était construit en blocs de Travertin et revêtu de plaques de marbre. Selon l’usage, il était entouré d’un espace libre, aujourd’hui en partie occupé par le temple d’Hadrien, et bordé au sud par la basilique de Neptune.
Pline l’Ancien (23-79) vanta la décoration extérieure de ce temple :
- C’est également en airain de Syracuse que sont les chapiteaux des colonnes du Panthéon placés par M. Agrippa
- Le Panthéon d’Agrippa a été décoré par Diogène d’Athènes, et les Cariatides qui sont aux colonnes de ce temple passent pour des chefs-d’oeuvre, ainsi que les statues posées sur le faîte
Le grand incendie de Rome de l’année
80 détruisit plusieurs temples, dont le temple d’Agrippa. L’empereur
Domitien les restaura, et selon
Suétone, y fit graver son nom .
Le Panthéon d’Hadrien
Le Panthéon d’Agrippa fut détruit par un nouvel incendie en
110, sous
Trajan. Il fut entièrement reconstruit sous le règne de l’empereur
Hadrien, vers l’an
125, comme le révèlent les dates imprimées dans les briques, comprises entre 123 et 125. On peut supposer qu'Hadrien l’ait inauguré lors de son séjour prolongé à Rome entre 125 et 128. Il en fit même usage occasionnellement comme tribunal, rendant la justice en compagnie de quelques sénateurs.
Le plan du nouvel édifice est exceptionnel, sans précédent dans l’architecture romaine. L’influence d’Hadrien sur la conception du bâtiment est envisageable, si l’on considère l’originalité de l’architecture de la villa qu’il se fit bâtir près de Rome. Le visiteur qui franchit le classique Pronaos à colonnes du Panthéon quitte un monde rectiligne et lumineux pour se trouver enveloppé dans la pénombre d’une cella circulaire et non plus rectangulaire, surmontée d’une coupole immense. Des temples à cella ronde furent édifiés à l’époque archaïque, comme le Temple de Vesta ou le temple d’Hercule Victor, mais dans des dimensions beaucoup plus modestes, et jamais accolés à un porche classique.
Symbolisme du monument
Selon
Dion Cassius, le temple abritait de nombreuses statues, dont celles d’
Arès, (Mars), père de
Romulus, celle d’
Aphrodite, (Venus), divinité ancestrale de la
gens Iulia, ainsi que celle du divin
Jules César. Toujours selon Dion Cassius, Auguste aurait repoussé la suggestion d’Agrippa d’ajouter sa propre statue aux trois précédentes , acceptant seulement de figurer dans le pronaos. L’entrée était donc gardée de part et d’autre par les statues d’Auguste et d’Agrippa, tout deux consuls en
27 av. J.-C., ce qui respectait en apparence la parité républicaine des pouvoirs et confirmait l’ascension d’Agrippa comme héritier potentiel d’Auguste
Plutôt qu’un culte impérial qui n’osait alors s’afficher comme tel, les dirigeants romains proposèrent un culte plus vaste et plus neutre, celui de tous les dieux, « Panthéon », ainsi nommé par Pline l’Ancien.
Hadrien fut un empereur cosmopolite qui voyagea beaucoup en Orient, et qui était un grand admirateur de la culture grecque. Il semble que, pour lui, le Panthéon, devait être le temple de tous les dieux, une sorte de geste oecuménique ou syncrétique à l’adresse de tous ceux qui dans l’Empire romain n’adoraient pas les vieilles divinités de Rome, ou qui les adoraient sous d’autres noms. Toutefois, selon Pierre Stierlin et de façon plus évidente, en combinant la sphère et le cercle, symboles helléniques de perfection, à la présence solaire, Hélios, divinité incarnée par les rois en Orient, Hadrien amplifiait implicitement le culte impérial, suivant une tendance orientalisante que poursuivront ses successeurs. Dès lors, quand Hadrien rend des décisions de justice dans son Panthéon, usage exceptionnel pour un temple, il se mettrait en scène comme une émanation de l’Hélios royal. Dans les Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar place dans la bouche d’Hadrien cette vision du Panthéon, compatible avec ce que nous connaissons de la pensée romaine :
- J’étais remonté pour la structure même de l’édifice aux temps primitifs et fabuleux de Rome, aux temples ronds de l’Étrurie antique. J’avais voulu que ce sanctuaire de tous les Dieux reproduisît la forme du Globe terrestre et de la sphère stellaire, du globe où se renferment toutes les semences du feu éternel, de la sphère creuse qui contient tout. C’était aussi la forme de ces huttes ancestrales où la fumée des plus anciens foyers humains s’échappait par un orifice situé au faîte. La coupole, construite d’une lave dure et légère, qui semblait participer encore au mouvement ascendant des flammes, communiquait avec le ciel par un grand trou alternativement noir et bleu. Ce temple ouvert et secret était conçu comme un Cadran solaire. Les heures tournaient en rond sur ces caissons soigneusement polis par les artisans grecs ; le disque du jour y resterait suspendu comme un bouclier d’or ; la pluie formerait sur le pavement une flaque pure ; la prière s’échapperait comme une fumée vers ce vide où nous mettons les dieux. (Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, 1951, Plon)
Architecture de l’édifice
Contexte technique
Selon certains auteurs, la conception du nouvel édifice pourrait être l’oeuvre de
Apollodore de Damas, architecte contemporain d’Hadrien et particulièrement expérimenté. Malheureusement, aucun document n’atteste cette hypothèse. Quoiqu’il en soit, les Romains maîtrisaient parfaitement les techniques de l’art du bâtiment, après l’impulsion apportée par les projets novateurs de
Néron, suivis des réalisations colossales des
Flaviens et de
Trajan. L’expérience romaine dans la construction de vastes coupoles est attestée par la coupole dans la
Domus aurea de Néron et par les vestiges archéologiques de thermes de
Baïes : coupole de 26 m au prétendu « temple de Venus », de 29,5 m au « temple de Diane », et de 38 m au temple d’Apollon, près de Baïes, toutes antérieures au règne d’Hadrien.
La capacité à mobiliser efficacement une main d’oeuvre nombreuse, l’usage combiné de la pierre, de la brique et du mortier, la technique du Béton sur coffrage étaient les savoir faire romains qui contribuèrent à la reconstruction du Panthéon. L’esthétique ne fut pas en reste, comme le montre l’analyse ci-dessous des nombreux effets géométriques, du choix décoratif des matériaux et du travail sur l’éclairage intérieur du temple.
Plan d’ensemble
La reconstruction du Panthéon conserva l’axe nord-sud de l’édifice, mais inversa l’orientation de l’entrée et la dirigea vers le nord. Le Pronaos et le bâtiment de transition avec la rotonde occupèrent l’emplacement de l’ancien édifice, et la rotonde remplit l’espace entre l’ancienne entrée et la basilique de Neptune. Le nouveau temple fut entouré d’un portique sur trois cotés d’environ 60 m sur 120 m, et précédé d’une cour pavée de Travertin.
Le pronaos
Le pronaos était surélevé par un podium de 1,3 m, et accessible par un escalier de cinq marches. Au fil des siècles, le sol environnant s’est exhaussé, et la place qui entoure le Panthéon atteint maintenant le niveau du podium. Il mesure 34 m de large, pour 15,6 m de profondeur.
Le portique de façade comporte 16 colonnes corinthiennes monolithes de Granite, à chapiteaux de Marbre, disposées sur trois rangs : huit colonnes en façade suivies de deux rangs de quatre colonnes. Les colonnes extérieures sont en granite gris clair, les quatre colonnes intérieures sont en granite rose plus sombre. Toutes proviennent des carrières d'Égypte. Les fûts de 12,5 m de hauteur pour un diamètre à la base de 1,5 m pèsent environ 69 tonnes. Innovation architecturale à noter, le fût des colonnes n’est pas cannelé mais lisse. Deux colonnes ont été retirées au Moyen Âge à gauche et remplacées par des colonnes des thermes de Néron au XVIIe siècle La colonnade ainsi disposée délimite trois nefs, la nef centrale conduit à la grande porte du temple, les deux nefs latérales donnent sur deux niches en demi-cercle qui devaient abriter des statues, probablement celles d’Auguste et d'Agrippa. La couverture du pronaos était en tuiles de bronze, aujourd’hui remplacées par des tuiles classiques.
Le temple a deux frontons surhaussés, le principal sur le portique, l'autre contre le mur massif qui fait la transition entre le pronaos et la rotonde. L’architrave porte deux inscriptions, celle de la fondation par Agrippa, et une seconde plus petite, mentionnant une restauration sous Septime Sévère. Le fronton, actuellement nu, était orné de décors en bronze fixés par des crampons. D’après la position des trous de fixation et la connaissance du répertoire décoratif impérial, on suppose la présence d’un grand aigle de bronze aux ailes déployées.
Galerie (cliquer pour agrandir)
Le bâtiment de transition
Entre le Pronaos et la Rotonde, se trouve un bâtiment intermédiaire, aussi large que le pronaos qu’il prolonge, soit 34 m, mais plus haut que lui, puisqu’il culmine au même niveau que la rotonde. Il forme le fond du pronaos et fait la liaison entre pronaos et la cella, permettant le passage de l’un à l’autre par son portail central. Le sommet de ce bâti est une terrasse plane.
Les actuelles portes de bronze, de proportion différente de celle de l’entrée, proviennent d’un autre édifice antique, et sont les plus grandes que l’antiquité nous ait léguées. Les placages de marbre blanc qui couvraient les parois extérieures et les décoraient de pilastres cannelés sont partiellement en place (voir photo).
Le Panthéon est donc articulé en trois blocs architecturaux aux volumes différenciés, pronaos en prisme, bâtiment de transition cubique et rotonde circulaire. L’unité visuelle et esthétique s’établit d’une part grâce au prolongement des corniches médiane et supérieure qui ceinturent le haut de la rotonde et du bâtiment de transition, d’autre part par le dessin d’un second fronton sur la façade du bâtiment de transition, en écho du fronton du pronaos.
La rotonde
La
Rotonde est un mur parfaitement circulaire de 58 m de diamètre extérieur qui forme une double paroi de près de 7 m d’épaisseur. Sa partie intérieure, d’un rayon de 21,7 m égal à sa hauteur intérieure, assure un double rôle : elle forme le décor de la
cella, et elle soutient le poids de la
Coupole. Ce mur intérieur est subdivisé en deux niveaux horizontaux :
Le niveau inférieur est évidé par sept exèdres, alternativement semi-circulaires et trapézoïdales (voir plan). L’entrée constitue la huitième exèdre. Chaque exèdre est bordée par deux colonnes corinthiennes cannelées et deux pilastres de marbre jaune. L’exèdre qui fait face à l’entrée adopte une structure différente : les colonnes y sont remplacées par un arc de décharge qui mord sur le niveau supérieur et qui renvoie les forces verticales sur deux pilastres latéraux. La décoration du niveau inférieur est complétée par une série de petits édicules en légère saillie au fronton alternativement triangulaire ou curviligne. Chaque édicule placé entre deux exèdres en allège le caractère massif crée par les colonnes de soutien. Ces édicules abritaient des statues sur piédestal.
Le niveau supérieur, délimité par deux
corniches circulaires, est un décor de transition, alternant de fausses fenêtres carrées, des plaques de marbre de couleur et des rectangles de porphyre. Cette décoration réalisée en
1747 par
Luigi Vanvitelli remplace la décoration romaine d’origine. Dans l’antiquité, de vraies fenêtres grillagées laissaient passer une lumière diffuse, indirectement captée de l’extérieur par les petites ouvertures du mur extérieur. Ces ouvertures engendraient une lueur quasi crépusculaire à la base de la coupole, renforçant l’effet de voûte céleste. Elles ont été partiellement reconstituées en
1930 sur une petite portion à droite de l’entrée..
Le dallage du sol, parfaitement restauré, est en marqueterie de dalles de pierres colorées (Opus sectile), et dessine un quadrillage où alternent des plaques de porphyre et de Granite gris formant des motifs alternativement ronds et carrés. Pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie qui pénètrent par l’orifice de la coupole, ce dallage est légèrement convexe, avec une surélévation de 30 cm à environ 2 m du centre de la rotonde.
La coupole
Intérieurement, la voûte s’inscrit dans une sphère parfaite de 150 pieds romains, soit 43,30 m de diamètre, d’une hauteur égale de 43,30 m. Cette sphère théorique est donc tangente à la surface du sol. Elle est nervurée par 140 caissons en stuc, disposés sur cinq rangées de taille décroissante qui laissent libre la calotte du sommet. Cette calotte est percée d’un Oculus central de 8,7 m de diamètre.
Une observation attentive des caissons montre que les rectangles qui les modèlent sont légèrement décentrés vers le haut. En effet, ces moulures ne sont pas centrées sur le milieu de la sphère inscrite dans la coupole, mais sur la base de cette sphère, qui correspond au centre du sol de la rotonde. Cette subtile correction crée un effet de perspective rayonnante pour l’observateur qui se tient au centre du temple.
Les trous présents dans les caissons et dans la calotte laissent supposer la fixation d’éléments décoratifs en bronze. Certains dessins modernes de reconstitution proposent des étoiles de bronze, en symbolisme de la voûte céleste..
L’Oculus sommital est renforcé par un cercle de bronze. Il est l’unique source de lumière directe, car l’entrée de la cella est tournée vers le nord et protégée par le pronaos. Il projette un ovale de lumière qui défile lentement sur les caissons de la coupole, ajoutant à la magie du lieu.
Extérieurement, la partie supérieure de la coupole était couverte de tuiles de bronze doré.
La structure du bâtiment
La structure interne de la construction centrale (rotonde et coupole) doit résister à plusieurs types de contraintes :
- résister au sommet de la voûte aux forces d’enfoncement vertical,
- compenser les forces d’écartement à la base de la coupole
- permettre au mur circulaire de supporter le poids de la coupole
Les constructeurs romains résolurent ces problèmes par deux méthodes.
Le choix des matériaux de construction : L’emploi massif du Béton (Opus caementicium), coulé entre des parements de briques (Opus latericium), transforme le bâtiment en un bloc cohérent, dont la rigidité assure une bonne résistance aux forces de déformation citées ci-dessus. Selon le niveau du bâtiment, ce béton inclut un Granulat différent, adapté aux besoins de résistance ou de légèreté. En partant du pied du bâtiment, on trouve successivement les bétons suivants :
- mur de rotonde, jusqu’à la première Corniche extérieure : béton avec des éclats de Tuf et de Travertin
- mur de rotonde, entre les première et deuxième corniches : béton de tuf et de briques
- premier anneau de la coupole et mur extérieur au dessus de la seconde corniche : béton de briques concassées (mortier au Tuileau)
- second anneau de la coupole : béton de tuf et de briques concassées
- calotte de la coupole : béton allégé avec un granulat de pierre ponce et de tuf, en épaisseur décroissante passant de 5,90 m à la base à 1,5 m au niveau de l’oculus, recouvert d’un enduit d’étanchéité de 15 cm.
Le mortier du béton romain est à base de chaux<Ref>Vitruve, De architectura, livre II, 5 : "trois parties de sable pour une partie de chaux"</ref>, il tend à se calcifier toujours plus en vieillissant, ce qui lui assure une excellente tenue au fil des siècles. Ainsi coulée, la coupole constitue un dôme monobloc, ce que l’on appelle une voûte concrète, adjectif dérivé du mot « concrétion » (du mortier).
La réorientation des poussées Les contraintes de statique sont doubles : la base de la coupole (4) tend à pousser le mur qui la supporte vers l’extérieur, et ce mur qui constitue l’intérieur de la rotonde (2) n’est pas plein, il est évidé par les sept exèdres (3) et par l’entrée du temple, et par une enfilade de sections vides au niveau supérieur. Le poids de la coupole est donc supporté par les huit massifs piliers de maçonnerie qui séparent ces intervalles. Il faut donc à la fois compenser des poussées centrifuges, et orienter les poussées verticales sur les huit piliers. Les bâtisseurs romains ont mis en oeuvre plusieurs solutions :
- une élévation de 8,40 m du mur extérieur (1) de la rotonde dépasse le pied de la coupole et agit contre un Contrefort (5).
- la base de la coupole est surchargée par une série de sept anneaux de béton superposés en escalier (6), visibles de l’extérieur, qui par une poussée verticale redirigent les poussées latérales centrifuges
- l’inclusion dans l’épaisseur de la coupole de grands arcs de décharge en briques, pour diriger les poussées sur les piliers de la rotonde. D’autres arcs de briques sont inclus dans le mur de la rotonde (visibles de l’extérieur) renvoient les poussées vers les piliers.
- le renforcement de la partie porteuse du mur intérieur de la rotonde par une série de petits arcs radiaux entre le mur intérieur et le mur extérieur du niveau supérieur
Galerie
Le montage de la coupole
Comment les Romains ont-ils procédé pour monter la coupole du Panthéon ? Nous ne disposons pas de sources documentaires sur ce chantier précis, ni sur d’autres, d’ailleurs . L’édification de la coupole en béton passe par la mise en place préalable d’un cintre et d'un
Coffrage.
Cent cinquante ans environ avant l’édification de cette coupole, Vitruve décrivait assez sommairement la technique pour disposer des planchers en forme de voûte, en construisant sur des cintres montés avec des solives et couverts de roseaux. Ici la portée imposée aux cintres est importante, (43 mètres), mais l’on sait que les basiliques romaines étaient couvertes de charpentes, avec des arbalétriers de 25 à 30 m de portée, largeur observée sur les vestiges. On peut donc admettre l’hypothèse proposée dans Gründ d’un coffrage supporté par un cintre en charpente prenant appui sur les corniches intérieures de la rotonde.
Eugène Viollet-le-Duc, qui a étudié l'architecture antique, affine ces hypothèses par la description d'une technique de construction de voûte en deux étapes, observée sur diverses voûtes romaines : montage en briques et mortier d'une première couche mince de la voûte constituée de nervures en brique qui définissent les caissons intérieurs sur un cintre léger en bois, puis, après durcissement de cette couche qui forme un coffrage solide et étanche, édification du reste de la voûte avec ses arcs de décharge et son épaisseur de béton. Le procédé ainsi décrit est économique, car il ne nécessite qu'un cintrage en bois assez léger le temps de construire la première épaisseur, le cintrage porteur de la charge complète étant constitué par la première épaisseur de la voûte.
Pour mémoire, citons aussi une solution alternative proposée par Pierre Gros : remplir la rotonde de sable ou de terre, coffrer par-dessus, édifier la coupole, puis vider la rotonde. Cette technique très simple est comme la précédente à la portée des bâtisseurs romains, qui ont montré avec le Mausolée d’Auguste leur capacité à monter et à remplir de terre un grand bâtiment cylindrique.
Transformations au fil du temps
Période romaine
Des documents citent une restauration sous
Antonin le Pieux, et une inscription sur l’architrave enregistre une autre restauration sous
Septime Sévère en
202.
Étant dédié à tous les dieux, le Panthéon aurait pu développer l’accueil de divinités supplémentaires. Ce ne semble pas avoir été le cas : aucune source documentaire n’indique qu’un des successeurs d’Hadrien n’ait ajouté une quelconque divinité au Panthéon, malgré les occasions que suggère notre idée moderne d’un syncrétisme mêlé d’oecuménisme : Hadrien divinisé en 138 aurait pu avoir son culte au Panthéon, il eut son temple particulier, dont un mur subsiste, intégré dans le bâtiment de la Bourse. Plus tard, Héliogabale, qui voulut installer Baal à Rome, préféra lui bâtir un nouveau temple. Alexandre Sévère, au sens religieux réputé syncrétique, abrita sa collection de héros et de divinités dans un Laraire personnel. Enfin, quand Aurélien officialisa le culte de Sol Invictus, il lui fit également construire un nouveau temple.
Le Panthéon dut connaître les vicissitudes qui frappèrent tous les temples antiques de Rome à la fin du IVe siècle : interdiction de sacrifice et de fréquentation des temples en 391, éphémère reprise des cérémonies traditionnelles en 393 lors de l’usurpation d’Eugène, interdiction par Théodose Ier de toute forme d’activité païenne en 392 qui s’impose à Rome à la défaite d’Eugène.
Les nombreuses statues et les décorations de bronze sur le fronton du Panthéon furent peut-être victimes des récupérations lors du siège de Rome par Alaric en 408, au cours duquel les ornements des temples furent prélevés pour payer la rançon exigée par Alaric, ou bien furent pillées pendant le Sac de Rome de 410 ou celui de 455.
Moyen âge
Les
Byzantins reprirent le contrôle de Rome au
VIe siècle. Visiblement le Panthéon, monument autrefois public, restait propriété impériale, puisque en
609, l’empereur byzantin
Phocas en fit don au
Pape Boniface IV. Celui-ci le consacra comme église chrétienne à la
Vierge Marie et aux
martyrs (
Sancta Maria ad Martyres, c’est-à-dire Sainte-Marie aux Martyrs), titre qu’elle porte encore de nos jours. Il fit transférer des restes anonymes prélevés dans les
Catacombes et installer un autel sur ces reliques. Aux yeux d’un ancien Romain, s’il eût paru étrange d’admettre les pratiquants dans la cella, au lieu de célébrer le culte à ciel ouvert devant le temple, l’ensevelissement de dépouilles humaines dans le temple était un sacrilège : toute inhumation était bannie non seulement dans l’aire du temple, mais aussi dans l’espace sacré (
Pomoerium) de Rome. L’installation des reliques dans la Panthéon est un signe parmi d’autres de la disparition de ce tabou plus que millénaire. Néanmoins, on constate la puissance des principes architecturaux du Panthéon, dont la symétrie axiale imposa le placement de l’autel dans l’exèdre sud, face à l’entrée, et non à l’est selon l’usage chrétien. La consécration de l’édifice le sauva du vandalisme et des destructions délibérées qui ruinèrent la plupart des monuments de la
Rome antique pendant le bas
Moyen Âge.
En 663, l’empereur byzantin Constant II (641-668) qui menait campagne contre les Lombards en Italie du sud séjourna brièvement à Rome. À court de finances, il fit récupérer les tuiles de bronze doré qui couvraient la coupole du Panthéon. Une couverture de plomb les remplaça en 735.
Les marbres intérieurs et le grand portail en Bronze ont survécu, même si ce dernier a été restauré à plusieurs reprises comme en 1563. En revanche, les marbres qui couvraient l'extérieur de la rotonde ont complètement disparu.
Renaissance et Temps modernes
Les grandes réalisations architecturales des papes de la Renaissance puisèrent largement les matériaux dans les vestiges de la Rome antique. Ainsi, le pape
Urbain VIII Barberini (1623-1644) donna l’ordre à son architecte
Le Bernin (1598-1660) de récupérer les bronzes qui décoraient l’intérieur ou couvraient le portique du Panthéon. Ils furent fondus pour réaliser de 1624 à 1635 le
Baldaquin de Saint Pierre dans la nouvelle basilique Saint-Pierre. Les responsables de ce pillage furent raillés par cet épigramme «
Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini » (Ce que les Barbares n’ont pas fait, les Barberini l’ont fait).
À la fin du pontificat d’Urbain VIII, Le Bernin ajouta deux clochetons aux extrémités du fronton du Panthéon, que les Romains surnommèrent « les oreilles d’âne du Bernin ». Ils furent éliminés en 1882, ce qui rétablit l’aspect originel du fronton.
À deux reprises sous Urbain VIII puis sous Alexandre VII (1655-1667), il fallut remplacer une colonne tombée à l’angle gauche du pronaos (côté oriental), par une colonne de granit provenant des thermes voisins. La colonne d’angle remplaçante est en granite rose, au lieu d’être gris clair, ce qui altère la régularité des colonnes de façade.
Enfin, en 1747, l’architecte et peintre baroque Luigi Vanvitelli restaura le décor intérieur de la rotonde, occultant les fenêtres qui étaient sous la coupole en les remplaçant par de fausses fenêtres..
Aujourd’hui, le Panthéon est un carrefour touristique au coeur des vieux quartiers de Rome, et donne sur la Piazza della Rotonda (place de la Rotonde), à laquelle il a donné son nom. L’Obélisque qui se dresse depuis 1578 sur la fontaine vient d’un sanctuaire égyptien du Champ de Mars..
Les célébrités au Panthéon
Depuis la Renaissance, le Panthéon est utilisé comme tombeau. Parmi les personnalités qui reposent dans les exèdres transformées en chapelles se trouvent
Raphaël (1487-1520), selon ses dernières volontés, ses élèves
Baldassarre Peruzzi (1481-1536) et
Perin del Vaga (1501-1547), puis les peintres Giovanni da Udine (1487-1564),
Taddeo Zuccaro (1529-1566) et
Annibale Carracci (1560-1609), le coeur du cardinal diplomate
Ercole Consalvi (mort en 1824) et deux rois d’Italie : Victor Emmanuel II (mort en 1878) et
Umberto Ier (mort en 1900), ainsi que l’épouse de ce dernier, la reine
Marguerite de Savoie (morte en 1926).
Le corps du peintre Raphaël a été placé dans un Sarcophage antique, sur lequel on peut lire l’inscription du poète Pietro Bembo (1470-1547) : « Ci-gît Raphaël, à sa vue la nature craignit d’être vaincue ; aujourd’hui qu’il est mort elle craint de mourir. ».
Bien que l’Italie soit une république depuis 1946, des membres volontaires d’organisations monarchiques font dire des messes d’intention sur les tombes royales du Panthéon. Cela a parfois soulevé des protestations des milieux républicains, mais les autorités catholiques continuent d’autoriser ces pratiques. D’autres polémiques furent déclenchées par la question de transférer au Panthéon les restes de Victor-Emmanuel III et de Humbert II, derniers souverains italiens mais compromis avec le fascisme.
Le Panthéon est désormais une église, où l’on célèbre encore des messes, et des mariages.
Postérité
Le Panthéon, modèle le mieux conservé de l’architecture monumentale romaine, a eu une énorme influence sur les architectes européens et américains (un exemple parmi tant d’autres,
Andrea Palladio), de la Renaissance au
XIXe siècle. De nombreuses salles publiques, universités et bibliothèques, ont repris sa composition (un portique à fronton et un
dôme).
Exemples d’édifices célèbres influencés par le Panthéon :
Le Panthéon de Rome n’est pas inscrit en tant que tel au Patrimoine mondial de l’UNESCO, mais il en fait partie comme élément du centre historique de Rome, classé en 1980.
Notes
..
Voir aussi
Bibliographie
De nombreux ouvrages sur la Rome antique ou moderne comportent une notice plus ou moins développée sur le Panthéon. Citons ceux qui ont servis de sources à cet article :
- Leonardo Dal Maso, traduit par Micheline Gille, La Rome des Césars, Bonechi Edizioni Il Turismo, Florence, 1978
- Collectif, Atlas d’architecture mondial, des origines à Byzance, traduction de l’allemand par Yvonne Séries, Stock, France, 1978, (ISBN 2-234-00657-0)
- Bernard Andreae, L’art de l’ancienne Rome, Mazenod, 1973, réédité en 1988, (ISBN 2850880043)
- Collectif, Rome antique, une civilisation qui a conquit le monde, traduit de l’italien, publié en France par Librairie Gründ, Paris, 1996, (ISBN 2-7000-2128-2)
- Patrick Dubois, Guide bleu Évasion : Rome, Hachette, 2003, (ISBN 2012438202)
- Henri Stierlin, Hadrien et l’architecture romaine, Payot, Office du livre, 224 Pages (ISBN 2228000302)
- K. de Fine Licht, The Rotunda in Rome. A study of Hadrian's Pantheon, 1968.
Liens externes